Pythéas de Marseille

De Gadir à Uxisama, Thulé, le poumon marin et le Tanaïs

Pythéas décrit le phénomène des marées

Pythéas observe le rythme des marées qui est celui de la lune : il perd cinquante quatre minutes chaque jour. A son retour à Massalia, peu de scientifiques le croiront. Encore une fois, il est pris pour un menteur !

Depuis qu’il est dans l’Océan, Pythéas rencontre un phénomène qui lui était inconnu en Méditerranée. Il en fait ample description quand il décrit les îles Cassitérides. Et plus il monte vers le nord, plus le phénomène est important. Ce sont les marées.

Pour nous, Méditerranéens, quoi que nous soyons au fait de la chose, c’est toujours avec surprise quand nous découvrons ce phénomène. Peut-on imaginer qu’elle est celle de Pythéas ? Les Bretons et les Britanniques avec qui il a des contacts connaissent bien le phénomène et lui en donnent les principales caractéristiques. Le mouvement des marées est en conjonction avec la lune. Quand la lune est en quartier, les marées sont de faibles amplitudes. Par contre quand la lune est en phase ou en opposition avec le soleil, c’est la période des grandes marées, et particulièrement aux équinoxes. Pythéas n’a besoin de personne pour s’apercevoir que la mer monte et descend deux fois par jour, au rythme de la lune qui perd cinquante quatre minutes par jour.


Amphores massaliotes. Massalia a développé ses propres formes d’amphores.
Celles-ci sont plus arrondies et leur base est plate

Pline écrit en citant Pythéas :« Pourquoi les marées de la mer montent et descendent et où les marées extraordinaires se déroulent »(D11). et puis, « au dessus de la Britannie une houle de marée de quatre vingt coudées de haut »(D12-1). Ce qui fait environ vingt cinq mètres. Il n’observe peut être pas lui-même de telles amplitudes, mais assurément elles lui sont rapportées. Est-ce une hauteur possible ? Pourquoi pas, lors des grandes marées d’équinoxe, pour peu qu’une forte dépression soit présente, et qu’en plus, et c’est fréquemment le cas, une tempête se lève, l’eau peut monter très haut. Notons que Strabon se mélange un peu l’esprit : « ayant appris d’eux qu’au solstice d’été les marées dans les deux sens, aussi bien les descendantes que les montantes, ont leur maximum d’amplitude »(D12). C’est aux équinoxes que les marées sont les plus fortes. L’explication des marées par Pythéas permettra d’élucider le mystère des courants du détroit de Messine, entre Italie et Sicile(D10).
Pythéas est le premier à donner une explication au monde méditerranéen. Ce qui lui vaut l’ire du monde Grec. La mer ne peut monter aussi haut, et si son niveau change cela est dû aux fleuves. Pour l’action de la lune, il passe pour un affabulateur.