Pythéas de Marseille

De Gadir à Uxisama, Thulé, le poumon marin et le Tanaïs

Massalia, la cité phocéenne sur les bords du lacydon, une calanque de Marseille

Massalia naît de l’union de Protis et de Gyptis vers l’an 600 AC. Les Massaliotes organisent rapidement leur cité qui compte quelques milliers d’habitants au temps de Pythéas. Leurs lois sont considérées comme les plus sages du monde Grec. Massalia est aussi la ” régulatrice des sciences “.

Selon la tradition, rapportée par Strabon et Justin, la fondation de Marseille, Massilia au temps de Rome, remonte à l’an 600 AC. Des marins de Phocée, (Foça aujourd’hui, sur la côte ouest de la Turquie) commandés par Protis, prêts au départ pour l’ouest de la Méditerranée, reçoivent un oracle : Ils doivent emmener un guide venant du temple d’Artémis d’Ephèse. C’est Aristarqué, « l’une des femmes les plus considérées ». Ils emportent également une statue en bois de la déesse Artémis.


Copie d'une statue de la déesse Artémis d’Ephèse. Musée d’histoire de Marseille. Le corps est recouvert d’animaux, le buste de testicules de taureaux. Artémis est ainsi la protectrice des animaux et la déesse de la fertilité (1)

Ils débarquent dans la calanque du Lacydon,actuel vieux port de Marseille. Les rives sont occupées par une tribu Ligure dont le chef est Nannos. Ce jour là, les celtes organisent une fête à l’issue de laquelle Gyptis, fille de Nannos, doit choisir son époux. En signe d’amitié, ils invitent les nouveaux arrivants. Gyptis choisit Protis. Le roi Nannos accepte et donne aux Grecs toute la partie nord du Lacydon pour créer une ville.

Cette belle Histoire romancée ne saurait cacher les habitudes des grecs. Il est possible que la conquête du site ne se soit pas faite par un mariage, mais plutôt par la manière forte.

Les grecs construisent leur premier temple et Aristarqué en devient la prêtresse. Selon Strabon, le temple d’Artémis se situe juste au dessus du port, tout à côté de celui d’Apollon. Peut être sur la butte St Laurent ou celle des Moulins.

La date de 600 ans AC correspond bien avec les fouilles archéologiques. Les amphores découvertes sur le site sont de cette époque.

D’autres historiens avancent la date de 545 AC. Les Phocéens fuyant leur ville assiégée par les perses commandés par Cyrus, décident de s’installer en Méditerranée de l’ouest. Ils créent d’abord Alalia (Aléria en Corse), juste en face des Etrusques qui en prennent ombrage, et entrent en conflit. Puis ce fût Vélia et enfin Massalia.

Les découvertes archéologiques récentes (céramiques et quai ancien de la place Vileneuve Bargemon) montrent que c’est au début du VI AC que Massalia fût crée. Il est possible que, quelques décennies plus tard, les fugitifs fûrent accueillis par Massilia (Massalia puis Marseille). Marseille est ainsi la plus ancienne cité de France.

La ville se développe rapidement. A l’époque de Pytheas, 250 années plus tard, elle compte quelques milliers d’habitants.


Maquette de Massilia au temps des Grecs. Musée d’histoire de Marseille

Les Grecs cherchent très rapidement à organiser leur ville en la dotant d’une constitution remarquable, tout en respectant leurs croyances. Les massaliotes élisent l’équivalent des députés : ce sont les Timouques, au nombre de 600, élus à vie. Ils sont les gardiens de l’honneur. Pour pouvoir être candidat la famille doit avoir des enfants et elle doit être massaliote depuis au moins 3 générations.

Les Timouques élisent 15 sages pour gouverner rapidement, ainsi qu’un triumvirat qui a le pouvoir final. Strabon indique que les lois sont basées sur celles en vigueur en Grèce et qu’elles sont affichées pour être vues par tous. Aristote, contemporain de Pythéas, dit : « De toutes les villes grecques, la plus sagement équilibrée ».

La ville occupe la bordure nord du Lacydon. Cette calanque est extrêmement bien choisie. Elle est large vers l’intérieur, mais elle n’est pas bordée de falaises comme les autres vers l’Est. L’entrée est étroite (environ 100 m), donc le site est facilement défendable contre toute incursion venant de la mer. Les vents dominants ne lèvent que quelques rides sur le plan d’eau.


La corne du port de Massilia à l’époque romaine

A l’époque de Pythéas, Massilia s’étend jusqu’à la butte des Carmes, et, vers le nord, jusqu’à l’anse de l’ourse (Joliette). Un mur enserre la ville, sauf vers le port. La porte principale d’entrée est tout au fond de la corne du vieux port. La rue principale suit à peu près le tracé de l’actuelle Grand rue et rue Caisserie.

(1) Le buste est recouvert de sortes d’oeufs. Certains pensent que ce sont des seins de femme. Plus tard des testicules de taureaux et enfin des dattes de palmiers.